Congrès Voir LOIN du Réseau québécois de l’action communautaire autonome 2025

Du 16 au 18 septembre 2025, le Réseau québécois de l’action communautaire autonome (RQ-ACA) tenait son deuxième congrès national sous le thème « Voir LOIN ». Pendant ces journées d’échanges et de réflexion, les voix de centaines d’acteurs et actrices de l’action communautaire autonome se sont réunies autour de grandes questions qui façonnent notre avenir commun.

Un congrès pour « Voir LOIN »

Ce congrès s’inscrit dans la continuité du forum « Voir GRAND » de 2021, organisé en pleine pandémie, qui avait permis de mettre en lumière la portée politique du mouvement ACA. En 2025, le défi est plus grand encore : face aux crises sociales, économiques, écologiques et politiques, les organismes communautaires du Québec ont senti le besoin de se rassembler pour bâtir une vision commune et renforcer leur pouvoir collectif.

Notre directrice, Karine Robinette, y a participé activement, prenant part à 3 ateliers stratégiques. Dans un contexte social particulier, cette rencontre a permis de consolider la force collective et de tracer des pistes d’action concrètes pour les mois et les années à venir. Elle a aussi rappelé, avec force, l’importance de l’ACA comme pilier du filet social québécois et comme acteur incontournable de la transformation sociale.

Karine et Josée devant la bannière du RQ-ACA

Karine Robinette, directrice du Regroupement, en compagnie de Josée Champagne, présidente du Regroupement des popotes roulantes du Québec

Les 4 engagements du mouvement ACA

Le RQ-ACA s’appuie sur une déclaration en 4 engagements qui guident les actions du mouvement :

  1. S’approprier l’ACA : Défendre l’importance d’une loi pour protéger notre autonomie et consolider la reconnaissance de notre travail.
  2. Incarner un projet de société inclusif : Mettre en pratique la justice sociale, l’inclusion et l’anti-oppression dans nos actions quotidiennes.
  3. Bâtir des solidarités : Résister au démantèlement du filet social et contrer les reculs démocratiques en renforçant nos alliances.
  4. Politiser notre action : Dénoncer les rapports de pouvoir et réduire l’influence des fondations philanthropiques sur nos organismes.

Ces engagements ne sont pas que des mots : ils traduisent la volonté de tout un mouvement, d’être à la fois résilient et porteur de transformations sociales profondes.

4 bannières pour présenter les engagements du RQ-ACA

Ateliers participatifs du congrès

Quand la philanthropie influence le communautaire

Le premier atelier portait sur l’influence des fondations philanthropiques. Dans un contexte où l’État se désengage, ces bailleurs de fonds privés prennent une place grandissante. Si leur soutien peut sembler une solution, plusieurs participants ont soulevé les risques : perte d’autonomie, financement conditionnel, priorités dictées par les donateurs plutôt que par les besoins réels des communautés.

Cet atelier a permis d’ouvrir un dialogue sans jugement, où chacun a pu exprimer ses inquiétudes et partager des pistes de résistance. Un constat clair est ressorti : il faut défendre le rôle central de l’État dans le financement du filet social et éviter que la philanthropie devienne une réponse par défaut.

Et si on avait une loi sur l’ACA?

La Politique de reconnaissance de l’action communautaire (PRAC), adoptée en 2001, a marqué une avancée importante. Mais elle reste limitée : non contraignante, elle ne garantit ni financement stable ni autonomie aux organismes. Dans ce deuxième atelier, l’idée d’une loi en ACA a été mise de l’avant. Une loi qui obligerait l’État à respecter la Politique de reconnaissance et qui donnerait un véritable statut juridique aux organismes d’action communautaire autonome.

Les échanges ont permis d’explorer les opportunités d’un tel projet de loi, mais aussi les risques, notamment si la démarche n’était pas co-construite avec les acteurs du milieu. Pour le regroupement des popotes roulantes du Québec, cette réflexion est essentielle : comment assurer que notre autonomie soit protégée, tout en consolidant notre rôle unique dans la société?

Le PAGAC et l’avenir du financement

Enfin, Karine a participé à un atelier sur le Plan d’action gouvernemental en matière d’action communautaire (PAGAC). Ce plan vise à structurer le financement des organismes communautaires et à reconnaître leur rôle central dans le filet social. Malgré ses intentions prometteuses, sa mise en œuvre reste un défi : financement parfois insuffisant, complexité des programmes et absence d’obligation légale pour les ministères de respecter pleinement la Politique de reconnaissance de l’ACA. Les discussions ont permis d’identifier des pistes d’action pour que le PAGAC devienne un véritable levier de soutien : impliquer les organismes dans la définition des priorités, assurer une coordination entre ministères et garantir une distribution transparente des ressources. Pour le regroupement des popotes roulantes du Québec, il est clair que la mobilisation collective est essentielle pour transformer ce plan en un outil concret de renforcement de l’action communautaire autonome.

Agir collectivement pour transformer la société

Le congrès Voir LOIN a été un moment fort, où la solidarité et la vision commune ont pris toute la place. Pour le regroupement, il a confirmé l’urgence d’agir collectivement, mais aussi l’espoir immense qui naît de nos luttes partagées.

En revenant de ce congrès, nous savons que les défis sont nombreux : financement, autonomie, justice sociale, reconnaissance politique. Mais nous savons aussi que nous ne sommes pas seuls. Ensemble, dans le respect de nos valeurs et avec la force de nos solidarités, nous avons le pouvoir de transformer notre société. Un immense merci à l’équipe du RQ-ACA pour l’organisation de ce congrès riche et mobilisant. Nous repartons de Voir LOIN avec une énergie renouvelée, portées par les échanges riches et les liens humains créés ou renforcés.

Et si nous osions voir loin, vraiment loin?

Dessin présentant l'urgence d'agir